Liste des participants au Milan Contest Tour 2009

Fanny Adam, Liberty Adrien, Adrien Bonnerot, Camille Grégoire, Lucina Hartley-Koudelka, Laure Jaffuel, Jade le-Kim, Estelle Meissonnier, Mathilde Pelle, Flora Rich, Yonah Riollet, Xavier Servas, Gianna van Tienhoven, Romain Vaulont. Professeurs: Anna Bernagozzi, Laurent Godard.

Vendredi 24

Echauffés par les jours précédents, nous reprenons notre marathon dans les rues de la cité lombarde qui exhibe le design dans tous ses états.

Rendez-vous au centre culturel français. Les 5.5 Designers fêtent leur anniversaire, leur 5 ans et demi, et proposent une scénographie colorée, luxuriante et enfantine, à travers laquelle s’exprime des objets hétéroclites, qui semblent chacun raconter une histoire différente (tiroirs poupées russes, tablette de chocolat qui informe des grammes ingurgités …) Parmi les ballons multicolores, une collection d’anecdotes émane d’objets atypiques. Mais les 5.5 ne perdent pas le Nord et procèdent au même moment à une de leur opération de sauvetage de la collection d’objet Pop’arty : des objets qui avant même d’arriver dans les magasins ont été retirés de la vente. Les 5.5 se sont donc proposés pour acheter le stock voué à la destruction afin de les bradés 1€ évitant alors de détruire des objets qui ont coûté temps, argent et pollution. Bon nombre d’entre nous succombent et sauvent certains de ses objets, tout en comprenant très bien pourquoi cette série a échoué. Couleurs atroces et ergonomie absente, on s’en encombre, peut-être simplement parce que l’on s’y voit déjà dans leur genre d’embarras.

Regis-R dispose ça et là des meubles insolites qui font toujours décrocher, canapés-baignoire ou lustre-récup d’objets abandonnés sur la plage. Bref, les français ne veulent pas grandir, tant mieux !


Autre ambiance dans la galerie « Corian super surfaces », qui expose, plus rationnellement, les propriétés de ce luxueux de matériau (le Corian). Découpés en lamelles plus longues que larges, qui dans des ondulations tapissent les murs de la galerie, du plafond jusqu’au sol, devenant étagère ou banc si besoins. Décors muraux et effets d’éclairage assez particuliers. Mais après l’étonnement, on ressent dans cette pièce d’un blanc immaculé, lisse et brillant, éclairé par des fluo rose ou jaune, un manque de chaleur et le sentiment d’un drôle de plagia des cellules spéciales des films de science fiction.

La Design Gallery nous réconforte avec ses objets des années 80, sortis du courant Memphis. Historiquement datés, nos yeux se lovent dans ses formes hétéroclites et multicolores, qui parviennent encore à surprendre par leur étrangeté, comme si une sorte d’aléa avait guidé leurs dessins. Andréa Branzi reste une référence à travers ce mélange des styles, des couleurs et des matériaux du XXème siècle. Il a introduit un sens de l’humour qui manquait au design du Post-Bauhaus des années 70. Serait-on devenus plus sérieux, craignant à nouveau le ridicule ? La question nous traverse l’esprit suite à ce cri de liberté. Le kitch, en tout cas, n’effraie pas tout le monde parmi les exposants, si on le considère comme une forme d’affranchissement des codes esthétiques … Nous sommes rassurés.

Flânant le long des vitrines des galeristes, on retrouve Philippe Starck dans l’une d’elles, pris entre un shooting et une interview. Le voir ainsi, sous verre, dans une sorte de boîte cadrée, nous livre à la seule réalité que l’on peut en avoir : un personnage, des images, des médias, mis lui-même en vitrine. On lui reconnaît cependant le mérite et l’étonnante agilité d’être toujours partout, toujours dans le coup. On s’inquiète à l’idée de cet avenir proche où il nous faudra courir les salons pour espérer promouvoir nos créations.


Quelques rues plus loin, la galerie Panasonic Design extirpe les visiteurs des turbulences de Milan en les faisant pénétrer dans une forêt sombre de lampes apaisantes de Naoto Fukazawa. Mises subtilement en scène par Martino Berghinz, le visiteur est obligé de ralentir afin de ne pas heurter l’une de ses boules lumineuses, en apesanteur, qui condensent toute la sérénité du design Japonais. Quelle élégance dans la recherche de la nécessité élémentaire, humble et pure. Dans cette capacité à créer une atmosphère calme, profonde, à l’écart du tourbillon qu’est ce salon de Milan. 3 Formes archétypales : la sphère, le dôme, le sceau, déclinées en deux ou trois tailles. On y apprend l’évidence.

Autre évasion offerte par la Galerie Moroso, qui aux couleurs d’Afrique, détonne avec le reste du salon. Sièges cérémoniaux revisités, chaises à bascule intéressantes, tissages, motifs et autres techniques artisanales éveille nos yeux occidentaux et égaye nos sensations. L’Afrique est ajournée : aucun folklore ou exotisme connoté, mais une introduction habile, convaincante, inconsciente de ces formes, ces motifs et ces couleurs dans un mobilier contemporain.

Autre maître du luminaire : Ingo Maurer. Dans la cour avant d’entrer, un brin de rébellion du papa fervent les ampoules à incandescence : il tient des propos contre sa nouvelle rivale, l’ampoule à basse consommation d’énergie. Il prophétise par sa venue le stress et la tension dans tous les foyers. Une fois entré dans la salle, on baigne dans son atmosphère aérienne, poétique et enchanteresse. Ses installations suspendues, qui ne manquent pas d’humour (« Ho man, it’s a ray »), présente des objets des objets dangereux, étrangetés extraterrestres (« egg installation »), que les spectateurs explorent avec vigilance et délice.


La journée s’achève avec quelques dernières expositions parmi lesquelles Driade, Camper et Love Design .